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Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/87

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distinguer à des caractères extérieurs fort visibles un enfant contenant une glande mâle d’un enfant contenant une glande femelle ; et nous sommes cependant en droit d’affirmer aujourd’hui que sans la présence de ces glandes différentes, les deux enfants fussent restés semblables ; (mais eussent-il vécu ? L’adaptation à la vie utérine, existe pour des êtres sexués et peut-être pas pour des neutres !)

À partir de la naissance, les divergences se maintiennent entre les petits garçons et les petites filles, sans toutefois s’accentuer trop pendant les premières années ; les glandes génitales continuent de vivre à leur intérieur, avec leurs différences caractéristiques, mais ces différences qui se sont déjà manifestées pendant la vie intra-utérine en faisant des uns des garçons, des autres des filles, ne paraissent pas déterminer au cours des premières années une apparition de nouveaux caractères distinctifs. Si cela continuaient indéfiniment, les deux sexes se ressembleraient beaucoup.

Une nouvelle poussée de diathèse se produit à la puberté, quand les glandes génitales deviennent vraiment génitales en donnant naissance à des éléments sexuels mûrs ; et alors éclatent des divergences bien plus considérables, que tout le monde a remarquées ; c’est que les glandes génitales à l’état de maturité sécrètent des produits bien différents chez le mâle et la femelle ; l’intoxication qui en résulte n’est pas du tout la même dans les deux sexes.

Aussi, à partir de la puberté, l’évolution individuelle qui, sauf les différences déjà manifestes au moment de la naissance, semblait être à peu près identique chez le garçon et chez la fille, prend, dans les deux sexes, des voies entièrement distinctes. Le petit garçon devient homme ; la petite fille devient femme. Toute sa physiologie, toute la psychologie des individus est modifiée sous l’influence de la poussée génitale ; on ne dirait plus des êtres de même espèce ! Chez les hommes la barbe pousse, la voix devient grave, la vigueur musculaire croît, le cerveau se développe ; chez les femmes, les phénomènes sont tout autres et ceux qui considèrent la forme de l’homme mâle comme étant l’expression du parfait développement des caractères spécifiques ont pu dire que l’évolution de la femme est arrêtée à la puberté et qu’elle reste cet « enfant malade » dont a parlé Vigny.

Mais il ne faut pas trop vite se lancer dans les formules ; le mâle de la bonellie est très inférieur à sa femelle, les mâles des araignées, quoique moins petits que celui de la bonellie, redoutent cependant la vigueur physique de leurs tendres moitiés. Il n’y a