Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/89

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Ce n’est pas à des faits de cet ordre que je veux me reporter quand je parle des degrés de la virulence du sexe ; je veux montrer que, indépendamment de la valeur reproductrice des glandes génitales, ces glandes peuvent avoir sur les organismes qui les contiennent, des influences morphologiques et physiologiques d’intensité différente.

Un exemple bien joli de la variation dans la virulence morphogène du sexe nous est fourni par certains papillons des Iles Malaises que Wallace a étudiés. Ces heureux papillons, ont plusieurs formes de femelles, toutes plus jolies les unes que les autres. Le mâle est ordinairement assez peu brillant et se présente toujours avec le même type, c’est-à-dire que si le sexe masculin a des virulences variables, elles ne se traduisent pas, dans le cas considéré par des phénomènes morphologiques importants.

Au contraire, chez les femelles. Il peut y en avoir jusqu’à cinq types tellement différents que des entomologistes les ont décrits comme appartenant à des espèces distinctes. Représentons-les, si vous voulez, par les lettres A, B, C, D, E : Ces cinq types peuvent se ranger de manière à représenter une échelle de virulence sexuelle croissante ; ils forment en effet une série analogue aux séries paléontologiques dans lesquelles les différences spécifiques sont régulièrement étagées. Supposons-les placés en ordre, A représentant le type le moins éloigné de celui du mâle, E le type le plus éloigné ; les trois types intermédiaires B, C, D, s’intercaleront entre ces deux types extrêmes, de manière à graduer les différences qui les séparent, et si l’on découvrait un sixième type faisant partie de la même série, il se placerait naturellement entre deux des types déjà connus et ajouterait un barreau à l’échelle.

Voilà donc un papillon qui a cinq espèces de femmes ; c’est, pensera-t-on, comme si un homme avait une femme blanche, une jaune, une noire et une rouge ? pas le moins du monde ! Si un homme avait ces femmes de diverses couleurs, il donnerait avec chacune d’elles des produits métissés qui tiendraient de la race spéciale de leur mère. Au contraire, le papillon dont nous nous occupons peut donner, par son accouplement avec l’une quelconque des cinq femmes que la nature lui a accordées, avec la femelle C par exemple, soit des mâles qui ressemblent au père, soit des femelles qui appartiennent à l’un quelconque des cinq types A, B, C, D, E. Ces cinq types ne représentent pas en effet des races différentes, mais seulement des degrés différents dans la virulence de la diathèse sexuelle. Et le fait de la reproduction, par une femelle du type C, de femelles des types A, B, C, D, E,