Aller au contenu

Page:La Saga de Fridthjof le Fort, trad. Wagner, 1904.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 11 —

narratif, édifiés dans une large mesure sur des faits réels, mais auxquels une tradition exceptionnellement longue a imprimé une teinte de roman.

Fridthjof est-il donc un personnage historique et les événements de la saga appartiennent-ils à la réalité ? En dépit des nombreuses discussions — à cause d’elles, peut-on dire — dont cette double question a été l’objet de la part des savants du Nord, il est assez malaisé de se prononcer catégoriquement pour l’une ou pour l’autre des opinions en présence. Cette question, d’ailleurs, ne nous semble pas de grande importance. La solution du problème, quelle qu’elle soit, ne peut en rien diminuer la valeur littéraire et esthétique de la saga, ni le vif intérêt qu’elle présente comme tableau des idées, des mœurs, de la vie dans les pays du Nord, il y a mille ans.

Les grands historiens scandinaves du siècle passé mentionnent Fridthjof dans leurs ouvrages. Quelques-uns racontent même, avec force détails, les faits et gestes de cette attrayante personnalité. G. Schöning (Norges Riiges Historie, til Kon. Olaf Trvggv. Ankomst til Regieringen. Förste Deel, Sorö 1771) pense qu’il a vécu au iiie siècle. Thormod Torfaeus (Historia rerum Norvegicarum. Hafniae 1711. T. I, 1) le place au iie et le savant danois P. F. Suhm, au ive siècle. Il est superflu de faire ressortir le caractère fantaisiste de ces informations. Celles-ci n’offrent plus qu’un simple intérêt rétrospectif ; elles montrent jusqu’à quel point peut s’égarer la pensée de l’historien lorsque la critique est absente de ses travaux ; mais, en même temps, — et ce détail est significatif — elles nous apportent la preuve que jusqu’à la fin du xviiie siècle, le héros de notre histoire a joui d’une immense popularité et que jusqu’alors il n’était venu à