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demanda ce qu’il y avait de nouveau. Hallvard répondit : « Des hommes viennent d’arriver en vue du rivage ; ils sont très fatigués et, si je ne me trompe, ce sont de vaillants héros. L’un d’eux est si robuste qu’il porte les autres à terre ».

Alors le jarl dit : « Allez donc au-devant d’eux et accueillez-les honorablement, si c’est Fridthjof, le fils du hersir[1] Thorstein, mon ami, qui s’est illustré par toutes sortes de brillantes qualités ».

Là-dessus un homme prit la parole ; il s’appelait Atli et était un grand viking[2] :

  1. Il n’est guère possible d’établir d’une manière précise et certaine le rang qu’occupait le hersir ou heradshöfding ni les prérogatives dont il était revêtu, surtout que ce titre correspond à des situations fort différentes selon l’époque et les contrées. On considérait généralement le hersir comme le chef d’un simple herad (district) ; mais, suivant G. Storm, on est porté à croire qu’il exerçait son autorité sur une plus vaste étendue de territoire et se confondait souvent avec le jarl. C’était un fonctionnaire supérieur joignant à son rôle d’homme politique et de juge un certain pouvoir d’ordre sacerdotal, comme le godi ou hofgodi en Islande (cf. Germania, XIV, p. 30 et suiv.). Sa dignité était exclusivement personnelle. Par leur naissance et leur rang social les hersar appartenaient à la classe des böndr (v. ch. I, n. 11), propriétaires libres vivant sur une terre allodiale héréditaire. Plus tard ils apparaissent comme vassaux du roi ; tel Halfdan (cf. fin de cette saga) qui doit se résigner à la situation de hersir et payer tribut à Fridthjof. Snorri Sturluson (Edda II), en parlant de ces dignitaires, s’exprime ainsi : « … ok heita their Hersar edr Lendir menu í Danskri Tungu », d’où il appert que hersar et lendir menn (feudataires) ont souvent été regardés comme synonymes. Au sujet des rapports des hersar et des jarls avec les rois régionaux, voy. K. Maurer, Island, p. 20.
  2. Pl. víkingar. C’est le nom que portent ces redoutables Normands qui, de la deuxième moitié du viiie siècle à la fin du xie, par leurs pillages et leurs dévastations, répandirent la terreur dans la