Aller au contenu

Page:La Vérité sur Tahiti - Affaire de la Roncière.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

travail est fini sur les chantiers, je suis encore obligé de rédiger tout cela en triple expédition. J’ai passé deux heures à rédiger et à recopier tout cela, ma livre de clous vaut bien trois sous, en tarifant mon temps à 50 centimes l’heure comme un ouvrier, il se trouve que j’ai perdu, à écrire, plus de six fois la valeur de ma livre de clous sans compter le papier…

Il n’est pas un de ceux, parmi les inventeurs de ces petites réglementations, qui ne soit aujourd’hui l’ennemi de M. de la Roncière, et ils sont forts par le nombre, car eux aussi ils se nomment légion.

Dès les premiers jours de son arrivée en Océanie, M. de la Roncière eut à s’occuper d’une bien triste affaire, dont la solution énergique devait lui attirer sur les bras tout le parti clérical. Cédons la parole aux événements. Messieurs de Picpus, missionnaires de la religion catholique, se sont, il y a quelque trente ans, implantés aux Gambiers, petites îles situées au sud-est de Taïti, à quelque quinze jours de mer. Après avoir converti tous les naturels de ces îles qui comptent à peine deux mille habitants, ils ont implanté là un gouvernement théocratique qui dépasse tout ce que l’imagination peut concevoir de plus attentatoire à la dignité humaine. Non contents de cela, ils ont fait comme leurs confrères de l’Inde et de la Chine qui, pour la plus grande gloire de Dieu, se sont établis banquiers, spéculateurs sur les riz, marchands de soie et de coton, et rachètent dans les « Annales de la Propagation de la foi » de pauvres petits Chinois qui n’ont jamais été à vendre. Messieurs de Picpus, aux Gambiers, ont monopolisé entre leurs mains la pêche de la perle et de la nacre. Tous les naturels sont obligés de pêcher pour eux ; moyennant cela, on les nourrit et, on les habille.

Il y a quelques années, un M. Pignon, sa femme, et son