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Page:La Vérité sur Tahiti - Affaire de la Roncière.djvu/22

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rapport qui en fut le résultat est navrant à lire. Le représentant de la France put non-seulement reconnaître que les atrocités dont Pignon se plaignait avaient été réellement exercées sur lui et sa famille, mais encore il constata l’état d’abrutissement dans lequel les missionnaires ont plongé les habitants de ce petit groupe d’îles. Ainsi :

1° Tout récalcitrant au joug de fer de la mission finissait par disparaître ;

2° Le chef Kerkorio était mort huit jours après avoir réclamé de la mission différentes sommes qui lui étaient dues ;

3° L’héritier du chef qui avait conservé son lambeau d’autorité sur les îles, autorité dont les missionnaires savaient habilement se servir, ayant montré quelques velléités d’indépendance… le Seigneur le rappela à lui ;

4° En chaire, le père Laval menaçait d’une mort prompte ceux qui n’obéiraient pas à ses ordres ;

5° Les deux mille habitants des îles ne sont que des coolies, des esclaves occupés à la pêche qui engraisse la mission ;

6° Toutes les jeunes filles non mariées sont enfermées le soir dans des bâtiments gardés par des agents de police, afin, dit le code draconien du père Laval, qu’elles ne puissent se livrer au péché impudique ;

7° La veille de certaines grandes fêtes, on parque également les femmes mariées pour empêcher toute accointance avec leur mari ;

Une centaine de prisons sont employées pour cela ;

9° Tout individu soupçonné de propositions déshonnêtes est condamné de trois à six mois de prison.

Au moment où M. de la Roncière arriva aux Gambiers, Dupuis, le neveu de Pignon, subissait trois mois de prison pour soupçon d’adultère, bien que, dit le jugement rendu par le père