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Page:La Vérité sur Tahiti - Affaire de la Roncière.djvu/35

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même, un magasin où les travailleurs chinois pussent trouver les articles et denrées de leur pays. James Steward avait en même temps établi à Papeete, ville capitale de Taïti, un magasin d’articles pour les Européens, contrairement à l’avis de son frère qui lui disait que ce double commerce amènerait sa ruine.

Ce qui était prévu arriva. Bientôt James Steward se vit forcé de liquider son actif. Le directeur de la plantation d’Atimaouo refusant de lui continuer son appui, les deux frères se brouillèrent, et James Steward prit la résolution de quitter Taïti.

Il annonce qu’il va vendre ses magasins pour l’approvisionnement des Chinois, situés sur la plantation que dirige son frère. Un Anglais, le sieur Keane, se présente pour acheter. À James Steward qui abandonne le pays, il faut de l’argent de suite, et Keane, quoique jouissant d’une fortune personnelle en Angleterre, n’avait pas pour le moment de fonds disponibles en quantité suffisante.

Nous verrons bientôt pourquoi James Steward ne voulait vendre qu’au comptant.

Keane va trouver alors William Steward, directeur de la plantation, et il lui dit : — Je suis en pourparler pour acheter les marchandises et le fonds de votre frère, il exige un paiement immédiat ; vous connaissez ma famille et ma position, avancez-moi les 92,000 francs qui me sont nécessaires, vous aurez en garantie les marchandises que j’achète. — Je ne puis vous avancer cette somme en espèces, répondit William Steward, les fonds que j’ai en caisse sont à mes actionnaires, et je ne puis les engager dans ces sortes d’opérations.

Voici tout ce que personnellement je puis faire pour vous aider, et William Steward remet à Keane un billet ainsi conçu :