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Page:La Vaudère - Le Rêve de Mysès.djvu/119

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LE RÊVE DE MYSÈS

— Tu renoncerais, pour moi, aux bonheurs de la vie ?

— Le tien, mon cher Mysès, me suffira.

Il ne se lassait pas de la contempler.

— Ah ! ma divine ! tout me charme, m’enivre, me fait défaillir ! Jamais je n’ai connu un émoi semblable ! La chrysalide triste et sombre est devenue un papillon vermeil… Viens plus près, plus près encore ?… Et que, dans la blancheur adorable de tes voiles, je retrouve le reflet des éternelles clartés !

Elle l’enlaçait, collait sa bouche à la sienne.

— Mon Mysès ! mon amant ! Emporte-moi dans la campagne embaumée, sous les bois aux voluptueuses profondeurs ! Tout est ivresse, au dehors ! parfum ! enchantement ! Prêtre, donne-moi ton baiser, ton étreinte, ton pardon… De toute ma jeunesse en fleur, je te ferai l’offrande.

Il frissonnait sous l’affolante caresse, rendant à la souveraine baiser pour baiser.

— Viens, dit-il.

Mais elle s’échappa, craintive.

— Si quelque serviteur du Pharaon venait à me reconnaître, je serais perdue pour toi !… L’on te conduirait dans un sombre cachot en attendant la mort qui ne tarderait guère… Ô mon aimé ! J’ai peur !…