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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/109

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

me sert de descente de lit ; la toilette est en marbre blanc sculpté… Bref, c’est le luxe rêvé, l’opulence.

Jusqu’à présent, Cécilia n’a pas changé à mon égard et elle est toujours aimable et gentille ; mais son bavardage incessant m’assomme. Dieu, quelle langue bien pendue ! La garce qui lui a coupé le fil n’a sûrement pas volé ses cinq sous.

La première fois que je suis venue, l’autre jour, le mobilier du salon m’avait causé une impression drôle. Je sentais que j’étais dans un milieu intermédiaire entre la courtisane et la femme du monde. En outre, certaines paroles de Cécilia m’avaient donné à entendre que j’assisterais à de curieux spectacles. Eh bien, ça n’a pas traîné. Mme Cécilia a beaucoup… « d’amis », et elle les reçoit tous, à tour de rôle. Il y en a des jeunes, qui n’ont pas encore de moustache et qui forment l’escorte volante. Puis des plus âgés avec quelques poils gris dans la barbe et dans les cheveux ; ceux-là, tous décorés et très élégants, composent la cavalerie légère. Vient ensuite la grosse artillerie, des financiers et des directeurs de théâtre, petits, replets, dodus et bedonnants ; on sent