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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/108

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Ah ! quelle chance d’avoir lu le Supplément ! Maintenant, je vais l’acheter ; non, je m’abonnerai plutôt ; je lui dois bien ça !

Je me sens soulagée d’un grand poids, maintenant. Allons, la vie est belle. Pourquoi désespérer…

Ce que je vais bien dormir, cette nuit !

Voilà dix jours que je suis avenue des Champs-Élysées. Comme le temps passe ! Il me semble que c’est d’hier que date mon entrée chez Mme Cécilia. Quelle différence entre hier et aujourd’hui. J’avais alors une vilaine chambre d’hôtel où les punaises ne payaient point de loyer ; le miroir était sale et noirci par les mouches qui s’y étaient oubliées ; les chaises sentaient la misère et le grand âge ; le lit craquait affreusement de tous ses ressorts martyrisés…

Aujourd’hui, j’ai une chambre royale, haute de plafond, blanche et dorée. De lourdes tentures vieil or encadrent les fenêtres, où pendent des brise-bise en dentelle ; j’ai une armoire à glace, une psyché, un miroir à trois pans… Mon lit est somptueux et si doux… des tapis couvrent le parquet ; une peau d’ours blanc