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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/111

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

— Si tu viens pas à l’heure, demain, j’te fous à la porte avec mon pied au derrière, hurle-t-il à tout propos.

Et chaque soir, l’escorte volante, la cavalerie légère et quelques représentants de la grosse artillerie ont défilé dans la loge de la grande amoureuse ; l’état-major apparaît rarement. Ces messieurs se couchent de bonne heure pour se faire masser par leurs épouses.

Après le spectacle, le souper. Le premier soir, c’était à l’Abbaye de Thélème ; Cécilia était un peu partie et elle chantait Viens Poupoule ; je l’accompagnais au piano. Puis, le lendemain, ce fut aux Mille Colonnes ; et puis, je ne me rappelle plus ; je n’ai pas la mémoire des noms. Chaque soir, deux cavaliers ou deux artilleurs se sont assis en face de nous, dans l’auto, pour nous reconduire ; et quelquefois, Cécilia s’est oubliée jusqu’à baiser sur la bouche son cavalier servant. Je me contentais de serrer la main de l’autre, malgré certaines allusions à mon lit désert où je devais être trop seule…

Cette vie décousue, cette noce, puisque c’est ça la noce, m’amuse énormément. Comme on change ! Je me vois lancée dans ce tourbillon