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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/119

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Cécilia trouve que je deviens trop coquette. Nous venons de nous disputer et elle m’a dit que je m’habillais comme une abonnée du Casino de Paris.

Elle a raison, en effet ; j’arbore maintenant des chapeaux presque aussi grands que les siens, des plumes presque aussi longues, des dentelles presque aussi riches et nous avons le même parfum, un mélange d’iris et de peau d’Espagne. Dame, je gagne assez d’argent. Maintenant, on me donne presque autant qu’à elle ; je suis cotée à quinze louis. Et puis, j’ai mes appointements de dame de compagnie, dix louis par mois et le blanchissage. Alors !

Je sens que Cécilia devient jalouse et je crois que nous ne nous accorderons plus bien longtemps. Elle craint que le chef d’état-major, celui qui a la clef de l’appartement, ne se trompe de chambre, un soir. Et puis après ! Qui est-ce qui serait content ?

Depuis quelque temps, la grosse artillerie des financiers au ventre et au sac bedonnants vient beaucoup plus souvent chez Cécilia ; à toute heure du jour… ou de la nuit, on peut en rencontrer qui traînent dans le salon ou dans le boudoir. Et Cécilia n’est pas assez cruche