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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/121

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

pective du persil quotidien, dans l’attente du miché. Et puis, le spectre de la carte préfectorale suspendue sur ma tête, un séjour plus ou moins probable à Saint-Lazare, toutes les misères, toutes les turpitudes du « métier »… vrai, ça donne à réfléchir.

Décidément, je crois que je renoncerai aux entresols. J’aime encore mieux le sixième étage ; c’est plus haut, mais c’est moins sale.

Tout cela, évidemment, n’est encore qu’hypothèse. Cécilia ne m’a rien dit qui pût me faire prévoir un prochain changement dans ma position, et cependant, il y a, comme on dit, de l’orage dans l’air.

Et vraiment, cela me préoccupe ; non pas que j’aurais quelques regrets à quitter Cécilia, ah ! Dieu non ! C’est une bonne fille, mais je n’ai pour elle ni amitié ni affection ; pas même du respect. Et l’avenir ne m’effraie pas trop, mais encore faut-il travailler, et je ne sais quoi faire. Les dames de compagnie, les gouvernantes, cela ne me dit plus rien ; c’est en somme toujours la même chose ; on est là pour coucher avec quelqu’un, et on a cent francs par mois. Si je me faisais femme de chambre ? Bah, le titre seul changerait et je