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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/126

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

major. Il est rouge et congestionné et ses mains ont des tremblements plus vifs. Bien sûr, il sort de trop boire. Aussitôt, il s’assied près de moi sans même demander des nouvelles de Cécilia ; il me prend la main et me passe au doigt une ravissante marquise en émeraudes. Il s’anime peu à peu et devient terriblement entreprenant. Je le repousse de mon mieux, mais il semble que la vue de mon peignoir léger sous lequel mes formes s’accusent l’excite davantage.

Et il recommence ses propositions, voitures, chevaux, hôtel, diamants. Je dis non ; je refuse ; je veux réfléchir. Il devient plus pressant ; sa voix est rauque, ses yeux injectés. Il me supplie d’accepter, il me presse d’être à lui toute, sa petite Juju, sa petite Lulu en sucre…

Je me mords les lèvres pour ne pas pouffer ; tout à coup, il se jette sur moi et, me prenant les mains, il m’applique un baiser bruyant sur la nuque.

Au même instant, la porte s’ouvre et Cécilia apparaît. Tableau !

Ah ! la tête du vieux ! Non, ce que j’ai ri.

Cécilia ne semble pas furieuse ; elle n’a pas ce masque tragique des héroïnes trompées