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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/136

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Ah ! ah ! Leroux, Isidore… ça se voit ; son nom ne lui sert pas d’enseigne, par hasard !

Nous dînons au Coq d’Or, moi, je mange à peine, mais lui ! Dieu, quel gouffre ! Il s’empiffre de choses très fortes, de hors-d’œuvre poivrés et salés et il boit de la bière, deux, trois demis à la file.

Entre deux bouchées, il me raconte son histoire ; il est ingénieur et il achève ses études ; il habite la province, mais il passe ses vacances à Paris, pour rigoler, tu comprends.

À peine avons-nous pris le café qu’il veut déjà… Ah ! non, pas encore, tout à l’heure.

— Conduis-moi à Marigny.

Il pousse un soupir de regret et nous montons en voiture.

De la lumière, des toilettes, des habits noirs, des chansons sales, une revue bête… Mon provincial, Isidore Leroux, devient de plus en plus ardent et dans la loge que nous occupons, il se passerait de drôles de choses si la lumière s’éteignait tout à coup.

Enfin, le rideau tombe ; nous partons.

Isidore Leroux s’extasie sur la beauté de ma chambre ; il tâte le lit qui pousse un gé-