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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/137

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

missement, puis il ferme soigneusement la porte à clef. Moi, j’éteins la bougie.

Eh bien ! non, ça ne m’a pas réussi. Il faut croire que je n’ai pas de bête, en moi, puisqu’elle ne parle pas. Le provincial, malgré son ardeur, m’a laissée aussi froide, aussi insensible qu’un mannequin, et je n’ai pas vibré. Je suis sans doute incapable de vibrer. Eh bien ! j’aime mieux ça. Au moins, je n’aurai pas trop de regrets.

Et j’ai recommencé mes promenades solitaires, mes longues stations sous les arbres des jardins, mes courses lentes sur les boulevards.

Je m’ennuie. Et voilà le souci qui commence. Ma bourse devient chaque jour plus légère. Je ne sais pas économiser et je dépense de l’argent en folies bêtes. Hier encore, j’ai acheté une douzaine de gants dont je n’avais nul besoin. Demain, si l’occasion se présente, je me payerai une nouvelle ombrelle… Et je n’ai pas de place en perspective. Je lis le Supplément, le Journal, les Petites-Affiches… Il faut que je trouve quelque chose, puisque j’ai dédaigné les entresols et les petits hôtels.

Sérieusement, je commence à être inquiète.