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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/141

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

tis, etc. ». Il n’y a pas d’indication d’activité ; il faut être distinguée, sans plus. Ma foi, j’ai écrit. Je suis aussi distinguée que n’importe qui, et s’il me répond, le monsieur… Mais il ne répondra pas et mes trois sous sont fichus. Il recevra trop de lettres de femmes toutes plus… distinguées les unes que les autres, et il n’aura certes que l’embarras du choix. Je le plains si toutes ses correspondantes lui ont envoyé leur photographie.

Je me suis décidée à insérer aussi une demande dans le Journal. Il y a longtemps que j’aurais dû le faire, mais voilà, je comptais sur ma chance. Ça m’a coûté cinq francs et j’attends. Dieu, quelle impatience ! Il me semble que demain ne viendra jamais. Sûr que je ne vais pas fermer l’œil de toute la nuit. Si j’avais une réponse, tout de même, oui, une offre même modeste, quelle joie ! Mais je voudrais une place dans une famille tranquille et propre, où je n’aurais pas à subir les assauts lubriques des amis du maître de la maison ou les amis de ses amis, car après tout, je veux être gouvernante et non pas bonne à « tout faire ». Je voudrais une place à la campagne, et je me figure déjà une villa noyée dans un flot de verdure,