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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/140

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Naturellement, je me suis abstenue. Sait-on ce qui peut arriver ? J’ai entendu tant d’histoires effrayantes sur la disparition de jolies filles tombées comme ça sur une place épatante… à Buenos-Ayres, et qui sont mortes là-bas, dans l’ignominie d’un lupanar. S’il faut faire un si long voyage pour en arriver là, ce n’est vraiment pas la peine de s’expatrier.

C’est demain mercredi, je lirai le Journal, et on verra bien. Tout de même, il doit être possible de trouver quelque chose ; il suffit d’un peu de chance. J’aurai peut-être de la chance demain.

Va te faire fiche ! C’est à croire qu’il n’y a plus que des purées à Paris. À peine une vingtaine d’offres d’emploi et quels emplois ? Quant aux demandes, il y en a six colonnes. Et des gens diplômés qui cherchent, des employés parlant des langues, des professeurs, jusqu’à des médecins qui feront n’importe quoi… Faut-il qu’il y ait de la misère tout de même. Dans la rubrique « Divers », je suis tombée sur une drôle d’annonce : « Monsieur offre rétribution à jeune femme distinguée… écrire Myoso-