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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/148

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Ma chambre est laide, sale, hideuse… Je n’ai plus rien. Ah ! il y a longtemps que mes bijoux, mes toilettes, mes dentelles ont disparu. Eh il me reste une méchante robe de toile, une paire de bottines déjà éculées et un chapeau fripé…

Que vais-je devenir, mon Dieu ! J’ai eu beau regarder les annonces des journaux, écrire des lettres, chercher partout… Je n’ai rien trouvé et je suis sans le sou.

Vrai, il y a des moments où je regrette Cécilia. J’aurais pu lui écrire, lui emprunter quelques louis ; je n’ai pas osé. C’est vrai, je suis trop fière, mais que voulez-vous, ça me fait trop de honte d’étaler ma misère…

Un moment, j’ai pensé à Lucien. Lui, peut-être, m’aurait aidée. N’avais-je pas été sa maîtresse, sa « Crotte adorée » ? J’avais même commencé une lettre… Je l’aurais envoyée à son ministère… Au moment de l’expédier, j’ai reculé ! Je n’ose pas…

Dieu, qu’il fait triste, qu’il fait froid… J’ai faim… Depuis huit jours, je ne vis que d’un peu de pain et de thé… Et encore, l’alcool coûte si cher…

Que vais-je devenir ?