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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/149

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Il a tant plu hier que je n’ai pas mis le nez à la rue. J’étais lasse, brisée de chagrin, d’ennui et un peu de faiblesse… Je suis restée au lit et j’ai essayé d’oublier, en dormant…

Ce matin, le ciel était bleu de nouveau et le soleil chauffait ma chambre. Je me suis habillée… Justement c’est mercredi, et je voulais acheter le Journal. Peut-être que cette fois, j’aurai un peu de chance…

Il fait bon marcher. Je prends le Journal dans un kiosque et je me dirige vers le Luxembourg, afin de le lire à mon aise.

Les feuilles jaunes déjà tombent des arbres et forment sur le gravier un tapis que les ouvriers du jardin balayent à grands coups. C’est drôle de voir ces feuilles, telles des papillons lourds, décrire dans l’air des cercles inhabiles et s’abattre lentement, comme à regret…

Dans le Journal, rien ! J’ai des larmes plein les yeux et je me sens envahie par un infini sentiment d’abandon et de détresse. Que faire, mon Dieu ; que devenir ? Je ne sais pas où aller, où frapper…

Je ne’connais personne, je suis perdue sur