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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/150

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

le pavé de La grande ville, je n’ai pas une amie, personne, personne…

Et, soudain, une idée m’est venue. Après tout, pourquoi pas ? Quel besoin ai-je de rester honnête ? À qui cela peut-il profiter ? Qui s’intéresse à ma vertu ? Alors…

J’aurais dû commencer plus tôt… au lieu de souffrir. Puisque je faisais presque le truc chez Cécilia, pourquoi ne pas continuer ? Au moins, je n’aurais pas eu faim, ni froid…

Dieu que j’ai été bête de refuser les entresols et les petits hôtels. C’est ça qui me fait une belle jambe, aujourd’hui ! Et je n’avais qu’à dire oui, qu’à remuer un doigt. Ah ! dinde, triple dinde…

Et zut ! Je ne veux plus penser. La vertu ? Bah ! on peut parler de vertu, d’honneur, de pureté quand on a le nécessaire ; ça n’est pas du tout difficile. Et encore, est-ce que les bourgeois qui parlent de la vertu ne font pas les plus grandes cochonneries, dans les maisons closes ou les cabinets particuliers ?

Est-ce que leurs chastes épouses se refusent le moindre amant, quand elles ne couchent pas avec une amie ou avec un navet ? Ah ! laissez-moi tranquille ! C’est de la façade, du