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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/162

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

notones sous l’œil dur des sœurs en cornettes…

Ah ! tout, tout plutôt que cette horrible déchéance.

J’ai acheté du sublimé et j’en porte toujours quelques paquets sur moi… Si jamais je suis arrêtée…

En attendant, la vie s’écoule, le temps passe et les jours se suivent… C’est toujours la même chose… les longues matinées au lit, à rêvasser, puis les stations au Luxembourg, les promenades à petits pas sur le boulevard Saint-Germain ou au Boul’ Mich’, les tasses de café sirotées en jouant aux cartes, et deux ou trois fois le petit « travail » à l’hôtel… Je me laisse aller. J’ai de l’argent maintenant ; tous les jours, je fais au moins un louis ; je me suis bien nippée… robes tailleur, jupons de soie, mantille en dentelles, chapeaux à longues plumes…

Si seulement, il n’y avait pas Saint-Lazare et les mecs…

Je ne veux plus demeurer au lit, par les longues matinées… J’ai trop de chagrin…

Depuis quelques jours, je suis en proie à