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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/167

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

comme une délivrance, comme une résurrection… Je vais travailler.

Que m’importe la dureté du métier, les fatigues que je subirai ! Au moins, j’aurai la paix de l’âme, la satisfaction du labeur accompli dans cette maison de souffrances. Et quelle joie de contribuer un peu à soulager la douleur, quelle joie de se dévouer, malgré la fatigue et les besognes répugnantes.

Ah ! il est bien loin, mon orgueil… Quand je pense que je ne voulais pas être femme de chambre, ni bonne à tout faire… Et puis, qu’ai-je fait, sinon tomber jusque dans la boue.

Mais c’est fini ; je me relève, je redresse la tête, je redeviens une femme après avoir été une fille…

C’est Louisa qui est cause de ce changement. Il y a une quinzaine, elle a eu le malheur — ou la chance — de tomber, étant ivre, et de se casser une jambe. Transportée à l’hôpital, on lui a remis sa jambe, elle en a au moins pour quatre semaines encore.

Je suis allée la voir presque tous les jours, cette pauvre Louisa, et c’est en passant devant la loge du gardien de l’hôpital que j’ai vu une