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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/175

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

et écoutait religieusement ses dissertations savantes. Moi, armée d’une cuvette pleine d’eau antiseptique, je marchais derrière, pour que le professeur pût se laver les mains après chaque station. Et chaque fois qu’il plongeait ses mains dans l’eau bleutée par le sublimé, le père Boche m’adressait un sourire ou un mot drôle…

— Alors, c’est vous, la nouvelle… Eh bien ! faites comme le nègre.

Et comme je le regardais, interloquée :

— Mais oui, faites comme le nègre, continuez, ah, ah, ah… Et il riait en me pinçant le menton.

Parmi les étudiants, j’en remarquai un tout de suite… C’était un grand garçon très brun, un Méridional ; une barbe de fleuve noire et brillante encadrait son visage, et ses cheveux longs et bouclés lui faisaient une auréole onduleuse… Son visage aux traits fins était d’un ovale pur, son teint mat et ses yeux, ses yeux très grands, semblaient deux abîmes profonds, bordés de longs cils…

Dieu, qu’il était joli… Il me plut tout de suite. Lui, bien sûr, ne faisait pas attention à moi. Est-ce qu’on regarde une fille de salle ?