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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/174

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Vers neuf heures, le chef de service entra, suivi des étudiants, pour faire sa visite. Les externes travaillaient déjà depuis longtemps, auscultant celui-ci, pansant celui-là, analysant des urines, préparant des instruments…

Le père Boche… Ah ! le bon vieux, ah ! l’excellent homme… Un peu gros, très grand, avec une belle tête blanche de diplomate du dix-huitième siècle ; il s’arrêtait devant chaque lit et avait une parole d’amitié et d’encouragement pour tous les malades.

— Eh bien, mon petit, voyons ce bobo… Mais ce n’est rien, ce n’est rien du tout… On va te racommoder ça…, tu vas voir… Tu voudrais te lever, sortir, t’en aller ? Ah ça, est-ce que tu n’es pas bien chez nous, est-ce qu’on te soigne mal ?… Allons, mon gros, un peu de patience, encore quelques jours et tu pourras t’en aller… Oui, au revoir, au revoir.

Et caressant le malade, le père Boche rebordait lui-même les couvertures, et passait au suivant, avec son bon sourire et sa grosse voix douce qui donnait de la confiance et qui calmait les plus désespérés, ainsi que le rayon de soleil ranime la fleur meurtrie par l’orage…

La foule des étudiants suivait le professeur,