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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/178

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

mène et son respect pour moi m’évita la corvée de vider les bassins.

L’après-midi se passa en nettoyages. Vers le soir, un malade qui souffrait beaucoup, présenta les signes d’une agonie prochaine et l’interne vint l’examiner plusieurs fois. Cela me fit un effet drôle, de voir cet homme qui allait mourir. Je me disais : Il a peut-être des amis, des parents, une vieille mère. Mais le pauvre ne parlait plus déjà et personne ne vint le voir. On l’emporta, mort, pendant le dîner, et quand je revins, le lit était vide.

Une chose m’amusa énormément ; deux fois par jour, il fallait prendre la température des malades et marquer le chiffre donné sur le tableau fixé à la tête de chaque lit. Pierre avait pris la température du matin, mais ce soin allait m’incomber à l’avenir et il me montra comment faire. Dans un verre plein de sublimé trempaient une demi-douzaine de thermomètres. Pierre s’approchait de chaque lit, et tendait un instrument au malade.

— Tiens, fourre-toi ça dans le… derrière.

Puis, quelques minutes après, il reprenait l’instrument et consultait l’échelle. Quand le