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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/183

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

des fruits, des gâteaux, des œufs, enfin rien que des bonnes affaires.

Il vient même une dame, une dame très belle et très élégante, encore jeune, et qui semble aimer beaucoup M. Charles. Elle arrive toujours seule et l’embrasse longuement, puis elle le caresse et tient sa main valide entre les siennes ; mais si quelque autre visite vient, la dame s’esquive aussitôt, comme troublée par l’intrusion…

C’est peut-être bien sa sœur ou plutôt son… amie… D’ailleurs, cela ne me regarde pas.

Le lit 24 est placé tout près du bureau de Mlle Marguerite la surveillante ; aussi, quand nous avons un moment de répit, ce sont de longues conversations à trois, dans la paix de l’immense salle. M. Charles a beaucoup voyagé et il nous conte ses pérégrinations à travers le monde, ses aventures sur le Nil, ses chasses dans l’Inde et le Thibet, les dangers qu’il courut en Chine, enfin des histoires très intéressantes.

Puis, quand il est fatigué, je le borde dans son lit ; Mlle Marguerite le fait boire et il s’assoupit tranquillement. Alors, nous causons moins haut, nous faisons moins de bruit pour