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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/185

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Et dès qu’il a refermé la porte, il me semble que je suis seule, seule et perdue au milieu d’un grand désert. Tout est triste, tout est laid autour de moi… Le soleil s’en est allé, il fait gris, il fait froid…

Peu à peu, pourtant, cette désagréable impression diminue et je redeviens moi. Mais j’attends demain avec une telle impatience, à présent… Il me semble que les soirées sont trop longues, que les nuits ne finiront pas.

Et, dès huit heures, je guette la porte de la salle, j’attends Georges, je le désire, je le souhaite comme une délivrance…

Et sitôt qu’il est là, le soleil est entré avec lui ; il y a un éblouissement dans la salle, une rutilance d’or et de feux, un chatoiement d’étincelles…

Georges est là… Georges me regarde et je m’abandonne, suffoquée d’émotion, je me plonge, je me perds, je sombre toute dans l’infinie profondeur de ses yeux noirs…

Est-ce que je serais amoureuse de Georges, par hasard ? Ah bien, il ne me manque plus que cela ! Moi qui n’ai jamais été amoureuse, qui n’ai jamais aimé un homme…