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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/194

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

fleur bleue a poussé, sans qu’on s’en doute…

Les premiers temps, j’avais un réel plaisir à voir Georges, et si parfois il arrivait en retard, mes yeux, involontairement, fixaient la porte sans cesse.

Puis, peu à peu, j’en vins à souhaiter sa venue, à la désirer comme un bonheur, et de le voir, cela me mettait du soleil dans l’âme pour toute la journée. Mes nuits se remplissaient de visions tendres où Georges occupait une grande place. Enfin, mon esprit ne fut bientôt plus occupé que de lui ; partout sans cesse, son image chère se dressait à mes côtés, son nom me montait aux lèvres dans un soupir, le son doux de sa voix résonnait à mes oreilles ainsi qu’une musique très belle entendue jadis et dont les motifs se sont gravés dans la mémoire…

Je ne vivais plus que par lui et voilà comment je connus que je l’aimais.

Lui, tout d’abord, demeurait froid et réservé. Entre nous, il n’y avait que de banales salutations… Bonjour, m’sieur Georges… Bonjour, mam’selle Juliette… et rien de plus…

Mais bientôt, ses yeux, ses grands yeux noirs se fixèrent sur les miens avec plus de bienveil-