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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/193

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Et tous les autres vieux reprennent en chœur ; les « nom de Dieu » éclatent sous la haute voûte de la salle où jadis les sœurs murmuraient leurs Ave.

Pauvres vieux, pauvres déchets !…

Depuis deux jours, Georges ne vient pas et je suis malheureuse. Georges est en vacances, pendant les fêtes de Noël. Il rentre à l’hôpital le 2 janvier seulement. Comment vais-je passer tout ce temps sans le voir ? Est-ce vraiment possible que je vive loin de lui ! J’attends sa lettre, sa première avec une telle impatience.

Ah ! il s’est passé des choses, depuis deux mois ! Nous nous aimons. Oui, Georges m’aime ; il me l’a dit. Et moi, moi, je l’adore, il est mon soleil, mon idole, mon tout…

Ah ! l’amour ! Quand on ignore qu’on aime et qu’on est aimée, comme la vie est froide et grise. Et dès qu’on se connaît, c’est un embrasement magique, une illumination de l’âme, qui revêt toutes choses de charmes et de splendeur.

Georges m’aime. Moi, je ne savais pas, je ne réfléchissais pas… Ces sentiments que j’éprouvais, je ne les analysais pas, et voilà que la petite