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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/196

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

petits coups entre deux baisers, et après, le grand hymne d’amour, pur encore… Mais nous étions trop ardents, trop fiévreux l’un et l’autre. Et Georges me dévêtit avec des gestes gauches, dénouant maladroitement les cordons du corset, dégrafant les boucles, arrachant les boutons, dans son impatience…

Alors, ce fut, dans le petit lit blanc, cette chose merveilleuse et sublime… Dans ses bras, je connus enfin la grande volupté, le spasme vibrant et terrible qui surpasse la vie… Dans ses bras, je fus l’amante neuve et affolée qui s’ignore et tout disparut pour moi ; la terre sombra, les souvenirs s’évanouirent et je gravis l’immortel, le sublime calvaire nimbé de roses qui conduit aux paradis inexplorés de la volupté triomphante…

Georges, à mes côtés, se peletonnait comme un petit enfant, anéanti de bonheur. Sa main douce caressait mes seins et nous étions si bien l’un à l’autre que le monde entier nous paraissait trop petit pour contenir toute l’ivresse de cet amour.

Et alors, il me donna sa foi et nous fîmes des serments solennels. Désormais nous étions un et pour toujours…