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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/197

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Aucune loi, aucun obstacle ne saurait nous séparer. L’éternité engloutirait nos deux âmes réunies dans le même embrassement, lorsque l’heure du glas sonnerait pour nous, lorsque la tombe s’ouvrirait pour sceller notre immortelle union…

Et après, l’ivresse grandit ; chaque soir, c’était un nouvel acheminement vers le Ciel, dans la possession définitive de notre être. Aucun bonheur ne dépassait le nôtre, aucune félicité n’était supérieure à celle que nous enfantions dans le petit lit blanc, où nos corps se crispaient sous la morsure affolante de l’étreinte.

Les jours, les semaines ont passé trop rapides, et le rêve dure encore, toujours.

Georges est parti, et je suis seule, mais nos souvenirs se dressent et nous soutiennent ; encore huit jours de longue attente et l’apothéose réapparaîtra avec son cortège d’ivresses et de voluptés…

Huit jours de chagrin… Bah ! N’avons-nous pas l’éternité ? J’attends sa lettre, sa première, et c’est encore du bonheur que j’attends…

Mon Georges, mon petit soleil, mon amant !