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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

J’ai deux clientes qui viennent et une autre que je soigne chez elle. Et maintenant, je puis jouir de la vie, avec mon Georges ; je gagne et j’ai des économies… oh, pas beaucoup : trois cents francs, mais cela ajouté à ce que Gorges reçoit, nous sommes presque riches, puisque je travaille.

Ça a été si gentil, cette installation… Mais, j’ai eu du mal à quitter l’hôpital ; l’économe me cherchait un tas d’histoires pour m’obliger à rester et il ne voulait pas me payer, prétextant que je n’avais pas donné un congé régulier. J’ai crié, j’ai fait du pétard, et finalement, il a cédé. Mlle Marguerite a été peinée de me voir partir et elle m’a reproché de l’abandonner. M. Charles, lui aussi, m’a fait des reproches, mais il est si bon… En me serrant la main, il m’a donné un louis, le pauvre homme. J’étais vraiment touchée. Il est doux de penser qu’on laisse derrière soi des sympathies et des regrets ; ça vous relève le cœur et on se sent tout de même moins seule dans le vaste univers.

Alors, les courses ont commencé…

D’abord, il fallait chercher une gentille chambre avec une petite cuisine et nous avons