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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/202

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

emporterons le chat ; on ne pourrait pas le laisser tout seul, pas vrai !

Je vois déjà d’ici cette vie de coq en pâte, au bord du lac bleu où les voiles des barques semblent les ailes blanches de monstrueux oiseaux ; je vois la verdure des prés, les champs fauves, les grands arbres feuillus, les petites maisons blanches cachées sous le voile mauve des glycines, et le ciel d’azur qui s’abaisse sur l’horizon des cimes et des pics des Alpes voisines…

Puis, après cette détente dans l’air pur et calme de la campagne, le retour à Paris, la vie fiévreuse et remplie, les malades qui affluent, l’argent qui coule en un flot continu, la richesse prochaine, l’aisance, le bien-être, la vie bonne et large, avec mon Georget, mon petit… Et lui, l’adoré, devenant docteur, s’installant à son tour, comblé de succès, connu, célèbre, décoré… Et toujours ensemble, nous deux, petit mari, petite femme, nous aimant mieux encore, liés l’un à l’autre par les souvenirs, le travail et l’amour…

Oh ! oui, je languis de quitter l’hôpital !

C’est fait, je suis installée, je suis chez moi.