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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/207

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

ques instants, comme anéantie. Vrai, on dirait qu’elle vient de faire l’amour, qu’elle a joui. Ça me dégoûte, je l’avoue, mais bah ; si je refuse, elle ira ailleurs et je perdrai trois francs.

Et puis, elle est gentille ; elle promet de m’envoyer des clientes, des amies à elle qui sont un peu bizarres, un peu exigeantes, mais qui paient bien, au moins cinq francs, dix peut-être. Seulement, je devrais leur obéir et faire tout ce qu’elles voudront… Voilà !

Dame, pourvu qu’elles ne me violent pas et qu’elles paient, c’est tout ce que je demande ; il ne faut pas être trop difficile, n’est-ce pas ? et je sais bien que le métier de masseuse comporte des surprises. Enfin, il faudra voir.

Pour l’instant, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ; j’ai un joli chez moi, j’ai un petit amant qui m’aime et que j’adore, je gagne de l’argent, je suis libre, que me faut-il de plus ?

Ah ! ils sont bien loin, le grand-duc, Cécilia et le petit café de la rue Vaugirard !