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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/210

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

boucher et le boulanger, car j’ai peur de ne pouvoir payer. Ce n’est pas l’argent que Georges reçoit qui peut suffire pour nous deux et si je ne gagne plus rien, comment allons-nous faire ?

Dieu, que c’est assommant, à la fin ! Est-ce que je vais être obligée de retourner à l’hôpital ? Moi qui m’habituais si bien à cette vie de liberté, avec mon Georget. Comment faire ? Je n’ose penser au petit café de la rue Vaugirard…

Ah ! j’aurais trop de honte, s’il fallait m’y résigner, et puis, comment pourrais-je encore tendre mon front au baiser de Georges ? Comment pourrais-je reposer sans rougir dans ses bras, comment oserais-je plonger encore mes yeux dans ses yeux ? Est-ce que cela ne tuera pas d’un seul coup notre grand, notre merveilleux amour ?

Et vivre sans Georges, non, c’est impossible… j’aime mieux la mort !

Dieu, que je suis donc embêtée !

Je viens de quitter Louisa, au petit café où elle m’a entraînée… Je suis encore toute étourdie, toute honteuse de ce qui m’arrive. Est-ce bête !