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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/211

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Où sont mes résolutions ? J’avais juré que jamais je ne remettrais les pieds au petit café de la rue Vaugirard, et voilà que j’en sors, bien décidée à tenter à nouveau le désir des mâles, mais dans un autre genre…

C’est vrai, aussi, tout va si mal chez nous ! C’est la misère presque, en tout cas, la grande gêne. Je ne gagne plus rien. Depuis un grand mois, tout le monde a quitté Paris. Il n’y a plus que les purotins, les pannés comme nous. Et il fait une chaleur ! Ah, pas de danger qu’un chien de client rentre avant l’automne et nous ne sommes qu’en juillet. Que faire ?

Et pour nous aider, voilà-t-il pas que le père de Georges a réduit de moitié la pension qu’il lui sert, sous prétexte qu’il entretient une gourgandine… Ah bien, s’il savait, le bonhomme !

Nous vivons bien péniblement, Georges et moi. Nous nous privons de tout, pour arriver à payer notre chambre. Depuis quinze jours, nous ne mangeons plus de viande… rien que de la soupe et de temps en temps, un hareng. Le cheval même est trop cher pour nous. Ça ne peut pas continuer longtemps. Georges est trop malheureux et je sens bien qu’il m’en