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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/228

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

elle pousse des cris, elle me griffe, elle me bat. Puis, après, c’est le grand jeu. Je remplis d’eau tiède un godemichet énorme, que ne désavouerait pas l’animal aux longues oreilles, et pendant plusieurs minutes, on se croirait dans une maison de fous. J’emploie toutes mes forces pour maintenir la vieille en furie, cependant que l’instrument fouille ses vastes flans. Elle hurle sous l’affolante et voluptueuse brutalité du contact, elle se pâme, elle se tord, l’écume aux lèvres, les yeux révulsés, les doigts crispés et, soudain, vaincue, heureuse, terrassée par le spasme, elle s’abat, inerte, et demeure ainsi quelques instants, dans une prostration complète. Je profite de ce répit pour me débarrasser de ma défroque et pour redevenir moi-même. Enfin, lorsqu’elle est remise, elle se rhabille et s’en va, rajeunie, satisfaite, la démarche plus légère et le cœur content. Pensez donc, elle a joui ! Par exemple, elle emporte son petit outil. Jamais je ne voudrais garder « ça » chez moi ; quelle histoire, si Georges le voyait ! Il croirait peut-être que c’est pour moi, et ça me froisserait joliment. J’aime mieux « ça » au naturel, moi.

Quand mes clients me laissent quelque