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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/238

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

rue Vaugirard où je retrouvai Louisa et les autres.

On me consola. Pour un homme perdu, voilà-t-il pas des giries ! Ah ! ben, malheur, y en a assez, de ces salauds. C’est des ingrats. À preuve, ton Georges, un gommeux que tu t’es éreintée à frusquer et qui te plaque comme un cochon… Et y sont tous comme ça, va ! N’en faut pu, de l’amour, c’est du chiqué ! Y a pu que la galette ! Faut leur z’y bouffer toute leur galette, aux hommes ; c’est une compensation…

Deux jours après, j’étais rue Pigalle, dans mon entresol. Louisa s’était installée dans ma chambre, rue Saint-André-des-Arts. Je n’avais pas eu le courage de vendre les meubles, le lit, le divan, et je lui ai donné tout. Et puis, ai-je besoin de ces choses, à présent ?

Le colonel est généreux. Tous mes désirs sont aussitôt comblés ; mes meubles sont luxueux, tentures en liberty, tapis somptueux, bibelots d’ivoire, porcelaines. J’ai un petit coupé avec un joli cheval et un cocher en livrée, de chez le loueur Camille… J’ai des bijoux magnifiques, des toilettes de chez Paquin, des chapeaux de chez Lewis… Je suis chic, enfin !