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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/251

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

de l’œil aux sapins des forêts voisines ; il règne une odeur de résine et de vieux bois, mêlée aux parfums balsamiques de l’air.

Des herbes folles poussent à l’entour du petit chalet, envahissent l’escalier, et de la mousse enrobe les planches et les bardeaux du toit sur lequel de grosses pierres dorment depuis l’autre siècle.

Mais combien j’ai de peine à me mouvoir. Je suis si faible… Je n’ai plus de forces, plus d’appétit. Je ne peux pas manger… Pour faire les quelques pas qui séparent le chalet du sapin, je reste au moins dix minutes, trébuchant à chaque pas, appuyée sur une canne et toujours prête à m’écrouler.

Qu’est-ce que j’ai donc pour être si faible ! Et cependant, je ne souffre pas trop. Sauf cette fièvre continuelle qui m’exaspère, et cette toux dont les spasmes me secouent, je ne sens pas de mal… Quelquefois, une douleur aiguë dans la poitrine, de l’oppression, des courbatures…

Mais ça va aller mieux ; le médecin me rassure. Dans quelques semaines, j’aurai recouvré mes forces et je pourrai faire des promenades dans les bois ; il y a des myrtilles, et