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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/255

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

petit journal, mon confident, mon seul ami…

Je souffre… Je suis si seule… Personne ne pense plus à moi, personne… Je crèverais comme un chien que pas une âme ne suivrait mon cercueil.

Mais je suis bête ! Est-ce qu’on meurt à vingt ans ? Je suis malade, c’est vrai ; je suis faible, amaigrie, je tousse… Dans quelques jours, il n’y paraîtra plus… Je me lèverai ; le docteur l’a affirmé… Et je serai de nouveau vaillante… Ce n’est qu’une crise… la conséquence du surmenage…

Parbleu, j’ai vécu trop vite, j’ai trop bu, trop mangé, trop fait l’amour et pas assez dormi… Allons, un peu de patience… Encore quelques jours, au lit… et après…, la sieste au soleil… les rêves sous le sapin… les promenades dans les bois… où il y a des myrtilles… des fleurs, de belles fleurs… et dans les pâturages, des vaches… avec leurs clochettes…

Oui, demain, bientôt… Je me sens déjà mieux… Je vais me lever… Mais je suis si faible… si faible…

Ah ! si Georges était là, je serais forte, je serais guérie, tout de suite… Mon Georget, mon pauvre petit soleil, mon…