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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/254

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Je suis faible… Il faut que je fasse un grand effort pour tracer ces quelques lignes… Et je tousse toujours ; j’ai maigri effroyablement et on ne me reconnaîtrait plus. Mes membres sont fluets comme ceux d’une fillette… Je n’ai même plus de nichons… Tout a fondu… Vrai, je ferais une triste figure si j’apparaissais ainsi au café Riche ou chez Maxim’s.

Le médecin vient tous les jours, à présent. Il me rassure ; ça ne sera rien ; c’est le moral qui est un peu affecté. Et pour me remonter le moral, il m’envoie le pasteur… Un brave homme, je ne dis pas, mais ça m’a fait mal…

J’ai rêvé toute la nuit du presbytère, de mon père, de ma mère et des deux tombes, là-bas, dans le petit cimetière, sous les ifs où roucoulent les merles.

Dieu, que je suis fatiguée ! Je voudrais dormir, dormir longtemps, sans rêves, dormir toujours…

Je viens de relire quelques pages de mon journal… Est-il possible que j’aie écrit tout cela ! Je voudrais le brûler, pour que personne ne puisse lire… Mais je n’ai pas le courage. Pauvre