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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/58

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

qu’il l’exilerait à tout jamais de la Russie si sa conduite donnait lieu, à l’avenir, à la moindre critique.

Et le grand-duc qui avait des ennemis influents à la Cour se le tint pour dit ; il savait que son cousin, poussé par ses adversaires, n’hésiterait pas à mettre sa menace à exécution ; et c’est pour cela qu’il baisse le nez devant Lina qui joue dans la maison le rôle de bon génie.

Onze heures ! Je meurs de fatigue. Dans la voiture qui nous a ramenés, Serge et Alexis se sont endormis sur mes genoux. Ils sont éreintés, les pauvres gosses, fatigués surtout par la vue des belles choses qu’ils ont contemplées et par l’émotion de cette visite à l’empereur.

En effet, c’est la première fois qu’ils assistent à une grande réception au Palais d’Hiver.

C’était hier grande cérémonie ; on acclamait le doyen du corps diplomatique qui fêtait son jubilé, et la cour était revenue tout exprès de Livadia pour honorer lord P…, ambassadeur d’Angleterre. Le soir, une grande réception et un bal devaient réunir toutes les