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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/59

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

illustrations de la capitale et de la colonie étrangère.

Le grand-duc, naturellement, devait assister, en uniforme d’aide de camp, à la réception des ambassadeurs étrangers, aux côtés de Sa Majesté. La duchesse, un peu souffrante, resterait à la maison cependant que les deux garçons rendraient visite à la tzarine qui avait manifesté le désir de les embrasser.

Quelle journée, Dieu bon ! Le grand-duc hurlait par la maison à cause d’une paire de bottes neuves que le bottier n’apportait pas ; il bousculait les domestiques et leur lançait de grands coups de pied au bas du dos. Les valets affolés se précipitaient pour exécuter ses ordres et c’était une galopade éperdue le long des corridors qu’emplissaient les éclats de voix rauques de l’Ogre.

Moi, réfugiée avec les enfants dans la lingerie, je leur essayais un amour de petit costume en velours noir brodé de dentelle ; ainsi vêtus, Serge et Alexis ressemblaient à s’y méprendre aux « Enfants d’Édouard » qu’un peintre célèbre et qu’un grand poète ont immortalisés. J’étais ravie et les enfants sautaient de plaisir à l’idée de rendre visite, tels des per-