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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/62

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

que gardaient deux cuirassiers géants immobiles comme deux cariatides de pierre. Un officier se précipita pour ouvrir la portière ; il s’inclina avec respect devant les petits princes et les enleva pour les déposer à terre ; puis, me tendant galamment la main, il m’aida à sauter hors de la Victoria qui s’ébranla aussitôt.

Moi, un peu surprise, je balbutiai en français, oubliant le milieu :

— Merci, monsieur !

Mais l’officier me répondit du tac au tac, et sans le moindre accent :

— Tout à votre service, mademoiselle.

Un laquais en habit à la française et en culottes blanches nous conduisit jusqu’au sommet du grand escalier où un officier de service vint prendre nos ordres.

Très digne, Serge répondit d’un geste froid au salut profond de l’officier et l’interpella aussitôt.

— Conduisez-nous au buffet, général.

L’officier se contint pour ne pas éclater de rire.

— Votre Altesse ne veut-elle pas entrer tout d’abord au salon ?