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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/72

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

une sorte de proscénium disposé sur l’un des côtés de la salle, et les violons s’accordaient à petit coup d’archet. Les cavaliers filaient entre les groupes et s’arrêtaient auprès des dames qui, leur carnet de bal à la main, se promenaient lentes et souples.

Il était temps de partir. Serge avait bâillé plusieurs fois déjà et je crois bien qu’Alexis se serait endormi volontiers dans les bras de la tsarine.

Un officier nous accompagna jusqu’à l’escalier ; au moment de franchir le seuil du salon, le grand-duc Alexandre me rejoignit et me souffla dans l’oreille :

— Décidez-vous, mademoiselle, restez.

— Non, non.

— Je le veux, je l’exige, restez.

— Je ne veux pas.

— Pourquoi ?

— Parce que je ne veux pas.

Tout cela s’était dit rapidement, à voix basse, à cause de la foule tout proche.

J’étais effrayée. Le grand-duc puait l’alcool ; il était ivre. Pourquoi voulait-il que je reste ? Pourquoi cette insistance ?

La Victoria était avancée. À peine sur les