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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/71

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

pératrice qui causait toujours avec Serge et Alexis. Mais tout à coup, le grand-duc reparut, et délibérément, il s’approcha de la tsarine qu’il salua. Les enfants, surpris, devinrent graves ; il voulut les caresser, machinalement, mais ils se reculèrent, effrayés, avec un geste de répugnance qui n’échappa pas à la tsarine. Au moment de se retirer, le grand-duc sembla faire un effort, puis il m’appela d’un signe.

— Mademoiselle, si vous désirez rester pour le bal, les enfants rentreront avec l’ordonnance et… et… vous rentrerez avec moi.

Je le regardai fixement, abasourdie. Ses yeux clignotaient dans son visage congestionné et un peu de bave coulait aux coins de sa bouche, sur sa barbe.

— Je remercie Votre Altesse, mais c’est impossible, je dois rester avec les enfants.

— Cependant, mademoiselle…

— Que Votre Altesse me pardonne, c’est impossible.

Et lui faisant une légère révérence, je le laissai surpris et décontenancé.

Maintenant, les couples s’apprêtaient pour le bal. L’orchestre venait de s’installer sur