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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/78

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

nairement mon message au premier valet de chambre qui sommeillait dans l’antichambre, puis je me retirais aussitôt, soulagée.

Un soir — il y a juste trois jours de cela — Serge avait été un peu agité ; il ne voulait pas dormir et je dus rester à son chevet très tard.

Minuit sonnait. L’enfant venait de s’assoupir et je me rendis chez le grand-duc afin de l’informer que le malaise de Serge ne serait que passager. Dans l’antichambre, personne. Le valet était absent. Que faire ?

J’avais sommeil, je voulais dormir. Délibérément, je frappai à la première porte, devant moi.

— Entrez !

Ciel, le grand-duc ! Je n’osais ouvrir, et j’allais m’enfuir, en proie à une peur folle, quand la porte céda soudain et le grand-duc en toilette de nuit surgit devant moi.

Je lui fis ma commission d’une voix tremblante, en baissant les yeux pour cacher ma rougeur, quand tout à coup, au moment où j’allais me retirer, ses deux mains comme poussées par des ressorts s’abattirent sur mes épaules. Je jetai un cri perçant et je voulus me