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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/79

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

débattre ; mais il m’entraîna violemment dans la chambre et referma la porte à double tour.

Puis, me prenant rudement par le bras, il me poussa dans une sorte de boudoir entièrement capitonné de lourdes tentures, et la porte retomba. J’étais perdue. Ah ! je pouvais crier et me débattre, je pouvais hurler à m’arracher la gorge ! Personne ne devait m’entendre. Les tentures étoufferaient tous les bruits. Et j’étais seule, en face de cette brute, sans défense et sans secours, pauvre brebis perdue dans le désert et que la hyène surprend.

L’infâme ricanait.

— Ah, ah, chacun son tour, ma petite sirène ! Tu as cru te moquer de moi et te soustraire à ma volonté, tu as cru que le grand-duc Alexandre n’était pas assez fort pour avoir raison de toi ! Tu vois, tu vois, petite folle, petite drôlesse, que je peux tout, quand je veux ! Et je te tiens, maintenant, tu es à moi, tu es mon trésor, mon joujou, et je te veux, je te veux, je te veux…

Il était effrayant et je sentais une angoisse mortelle m’étreindre le cœur.

Ses mains tremblaient, sa lippe charnue