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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/82

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

rage. Et je faisais d’inutiles efforts pour me dégager, pour fuir ce cauchemar épouvantable. Tel un monstre apocalyptique, l’ignoble grand-duc se vautrait sur moi, m’écrasant sous son poids de brute, cependant que sa figure horriblement crispée, souillée de sang et de bave, frôlait ma tête et que ses lèvres de pieuvre suçaient mes seins jusqu’au sang.

Après, je ne sais plus. Je m’étais évanouie, et je dus rester longtemps dans cette prostration.

Quand je repris connaissance, j’étais couchée dans un lit qui n’était pas le mien, et auprès de moi, un grand corps immobile et chaud…

Je fus quelques instants avant de me souvenir, puis tout à coup, la lumière se fit. J’étais là, dans ce lit, avec le grand-duc ; j’étais sa maîtresse, il m’avait violée. Et il dormait, l’immonde magot, repu et satisfait.

Ah, une arme, si j’avais eu une arme, avec quelle joie…

D’un bond, je fus hors du lit ; j’étais nue. Violemment j’arrachai une couverture pour m’envelopper et je me précipitai vers la porte. L’autre s’éveilla lourdement, grogna, puis, se